Mercredi 4 mai, Hangzhou


Mercredi 27 avril, Hangzhou


Lecture à l’Alliance Française. L’auteur est là, boucles brunes, voix chaude, attitudes… Je suis une parisienne qui n’est pas une parisienne. Aux autres qui rêvent de l’être.

Dans l’assemblée le col blanc boutonne est de rigueur. Air détache et sac signe. Mais questions appliquées. Les hipsters made in China.

Samedi 23 avril, Hangzhou


Hong bao, baijiu, roses en tissu et pop sucrée, vive la mariée !

Pour les mariages, les anniversaires ou le nouvel an on offre des hong bao, ces petites enveloppes rouges remplies d'argent que l'on compte d'un air gourmand. 
Le baijiu est un alcool de riz blanc, fort, fort, fort a en perdre la tete. 




Mercredi 20 avril, Hangzhou


Dimanche 17 avril, Hangzhou


Le plein et le vide. Le vide et le plein. Le Ying et le Yang. On apprend ça à l’école du Louvre. L’équilibre dans la peinture comme l’équilibre dans la vie. Le vide éclaire le plein, le blanc la branche de bambou qui flotte sur la page comme dans le vent. Où est l’air autour de moi ? Où est le vide ? Plus rien ne flotte ici, tout devient plein, plein, plein…
Plein de gens, plein de bruits, plein de bouffe, plein de choses a acheter, a faire, a accomplir. La démographie, la croissance, la consommation et la competition battent leur plein ici. Comme chez nous mais exponentiels. Il faut plus, toujours plus. La pression sur les enfants est tres forte. Un peu comme dans le Japon qu'on nous racontait dans les années 90. Ecole. Ecole avant l'école. Ecole apres l'école. Tennis. Piscine. Dessin. Realiste pas expressif. Duck feeding learning, me disent mes collègues. Meme en reeducation, il faut des seances, plus de seances, des progrès, plus de progrès.
Une maman m'a demande cette semaine si je pensais qu'elle serait plus heureuse en déménageant a l'étranger avec son petit garçon handicape. Bonne question. Il y a peut etre un peu de vrai la dedans et c'est dommage. Tellement dommage parce que la Chine est un pays vraiment formidable. Mais une amie d'ici me disait récemment avoir lu une etude qui montrait que les gens étaient en grande partie malheureux au fond. Le zen, c'est pas chinois.
Mais pourquoi ? Dans un pays qui avance a tels pas de géants ? Et les gens sont tellement souriants, expansifs, enthousiastes... Peut être cette éternelle affaire de balancier entre trop et trop peu. Apres avoir tant manque, il faut compenser. J'ai lu ce matin sur le facebook chinois ce post-la : "l'histoire ne retient que les succes, personne ne vous félicitera pour vos erreurs". La messe est dite. 

Mercredi 13 avril, Hangzhou


Rien de special a cette photo et pourtant elle est tellement significative pour moi. De ces moments un peu suspendus sur le scoot ou je leve les yeux sur la lumiere douce du soir, les gens presses d'aller manger, il est 18h et le repas n'attend jamais ici. Les odeurs des petits restaurants diffusent et se mélangent a celles des fleurs, sucrée comme un bonbon ces jours-ci. Ces instants-la je me sens si libre que je pourrais m'envoler.

Samedi 9 avril, Hangzhou


J'ai vu cette petite fille dans le metro hier. Une écolière  tres ordinaire sur le chemin de la maison apres les cours. Elle riait entre ses grands-parents puis, bercée et a demi endormie, a pris un air plus grave qui m'a rappelée une autre petite fille. Une écolière d'il y a longtemps, en fuite face a l'invasion japonaise. Toute la famille sur les routes sur des milliers de kilometres. Devenue une vieille dame elle raconte comment leur mere continua a les faire étudier quand meme. Mais ses lignes de caracteres elle les traçait maintenant sous la tente, non plus sur du joli papier blanc mais sur le papier de riz jaune fonce, le papier "crottin de cheval" qui se déchire rien qu'a le regarder. J'en ai trouve récemment. C'est vrai que c'est dur de dessiner dessus. Mais ca m'a plu de retrouver un peu des sensations de cette petite fille-la... 

Cette histoire je l'ai lu dans l'extraordinaire livre de Xinran "Memoires de Chine" ou elle interviewe des personnes âgées de partout en Chine sur leur souvenirs du 20eme siècle avant que ces témoins d'une periode folle disparaissent. Les histoires sont toutes plus ébouriffantes les une que les autres et j'y retrouve bien les vieux chinois que je rencontre, des vrais durs a cuire !


Jeudi 7 avril, Hangzhou



C’est mon anniversaire de Chine ! Quand je suis arrivée l’an dernier le printemps flottait dans les jardins au bord du lac et les cerfs-volants claquaient dans l’air. Mais moi je me noyais. Dans ma tête sous la douleur, sous les pensées. Tout trop lourd. Il m’a fallu un an pour retrouver mon propre printemps. Pour qu’il ne souffle plus qu’une brise légère dans ma tête. Aujourd’hui je me sens enfin cerf-volant a nouveau.


Mardi 5 avril, Fuyang



Elle fait de la gravure. Elle est sérieuse, ne leve jamais les yeux. Ses doigts dessinent des lignes délicates à coups de marteau. La lumiere aussi est délicate, lèche les pinceaux, les couleurs, les plaques, les coupes. Elle lèche même les torchons. Je me rêve à sa place au milieu d’un atelier. Le même avec trois fleurs, deux chats et un peu de folk. Ce serait le mien celui-là…






Samedi 2 avril, Hangzhou


On a encore demenage !

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We moved again !


Mercredi 30 mars, sur les rails





La campagne défile à allure TGV. Aussi vite que le train et dans la pagaille s’entassent champs, usines, potagers, tours fantômes, garagistes a la petite semaine, trois buissons jaunes, poulaillers et terrains vagues. La nature dispute encore un peu le morceau mais elle s’efface petit à petit sous les gravats.

Dessin à l’encre sur une peinture de Qi Baishi, un de mes peintre préféré qui jette les images sur le papier, encre sure et couleurs folles. En restant dans la tradition de la peinture chinoise il l’a reinventee plus vivante : "paintings must be something between likeness and unlikeness, much like today's vulgarians, but not like to cheat popular people".







Dimanche 27 mars, Hangzhou


Samedi 26 mars, Hangzhou


Le Dao. La Voie. La nature comme chemin. Un chemin sans fin qui se nourrit de lui-même, tourne sans cesse et se renouvelle. Le prêtre Liu cherche à nous faire comprendre la simplicité et la complexité de sa pensée. La Beauté aussi. Cette recherche d’harmonie diffuse des lieux et m’apaise.

Une question reste quand même en suspension dans l’air. Pourquoi n’y aurait il toujours qu’une Voie vers le Divin ?

Mardi 22 mars, Hangzhou



La vie me semble avoir repris plus de corps depuis quelques mois, je sens ma semaine plus réelle que depuis mon arrivée. Je retravaille !
J'ai trouvé un temps partiel dans un hôpital pour enfants, service rééducation, grande majorité de 0-6 ans. Je me sens à la maison quoi. Enfin à la maison ou on ne parlerait que chinois. Un nouveau boulot chinois ET rock n'roll donc.
Deux fois par semaine, je passe plusieurs heures en observation dans les différents secteurs, à regarder comment les thérapeutes travaillent ici, comment les petits réagissent et a échanger avec eux sur les différentes situations - dico en main - et je finis par un cours sur la psychomotricité. Mes collègues sont tous chinois, tous patients, curieux et rapides à rire de mes bêtises en mandarin. C’est une chance incroyable de pouvoir observer un hôpital chinois pour enfants de l'intérieur. Je suis totalement dépaysée par les familles grouillantes dans les couloirs, Maman-Papy-Mamy entasses autour du poussin, les expressions, les façons de faire et de ne pas faire…  Je suis admirative de la qualité du relationnel de mes collègues avec les enfants. Et complètement hilare devant leur méthode très spéciale de balnéothérapie.
J'ai à nouveau du travail et je me retrouve. C'était une drôle de chose de ne pas travailler, une autre identité.